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Le patron la voyait depuis un an toujours au même endroit: Chaque matin, vers 7 heures, elle était là, au milieu de la rue Ramses, exactement sur le trottoir en face du collège Jésuites, enveloppée dans une couverture en laine crasseuse, installée bien tranquillement. Parfois, elle préparait un thé sur un petit réchaud, ou bien elle s'activait lentement à faire bouillir un œuf. Elle le mangeait, tout en essayant de se soucier peu du vacarme des voitures qui passaient des deux cotés, conduits par des chauffeurs tout aussi intrigués de la présence de cette créature au beau milieu de la rue Ramses. Chaque matin, le patron se demandait s'il allait la revoir, ou bien si elle serait morte frigorifiée durant les nuits froides de l'hiver.Il l'apercevait parfois trainant derrière elle deux charriots sur lesquels elle avait entassé tout ce qu'elle pouvait posséder. Le tout était soigneusement mis dans des sacs en plastique, des boites en plastique. Elle progressait ainsi tantôt sur la rue ramses, tantôt dans les grandes avenues d'Héliopolis, tirant péniblement un charriot, puis l'autre. Avançant à pas de tortue, retournant pour chercher l'autre charriot, s'arrêtant pour effacer la sueur qui dégoulinait sur son visage toujours enfoui sous un chapeau en paille, elle ressemblait à une vieille mouche qui s'activait au ralenti.
Parfois, elle disparaissait pour quelques jours. Le patron alors s'inquiétait, maudissant le fait qu'il n'a jamais pris le temps de s'arrêter pour parler avec elle et pour découvrir son histoire. Puis un jour, en attendant tranquillement un taxi devant le portail de son école, le patron l'a vue. Elle s'approchait de lui, trainant toujours ses deux charriots à tour de rôle. Avançait de quelques mètres, puis reculait pour aller chercher l'autre charriot, elle le tirait tranquillement, toujours son visage caché sous son chapeau. Les voitures continuaient à la dépasser sans un klaxon.
Le patron allait-il enfin se décider à lui parler? Et si elle était folle ? Et si elle se mettait à crier dans la rue juste en face du collège? Il n'aura pas l'air malin le patron et tout le collège sera au courant!
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La voilà qui le dépasse. Elle n'a même pas soulevé la tête pour le regarder. Elle a tout simplement continué à tirer. Le patron a essayé de chercher son regard pour le croiser et commencer ainsi une discution. Mais rien. La créature l'a ignoré totalement. Le patron maudissait sa lâcheté. Durant toute l'année scolaire il s'était dit que s'il avait eu le temps il se serait arrêté pour lui parler.Et maintenant que l'occasion se présentait, il se taisait comme s'il avait perdu l'emploi de la parole, comme s'il était hypnotisé face à cette apparition. Non, il n'allait pas rester là comme un con à se dire " j'aurais dû". Il s'avance vers elle. Une forte odeur indescriptible se dégage. Plus il s'approche d'elle plus il remarque l'épaisse couche de crasse qui couvre une peau jadis blanche. - Bonjour madame.
- Oui, bonjour...
Quelle voix! une voix toute douce, toute gentille, comme celle des bonnes grand-mères assises à côté des cheminées. Quels yeux! des yeux bleus, qui devaient faire craquer pleins d'hommes autrefois. Quelle odeur! odeur insupportable, un mélange de transpiration et d'urine qui ferait fuir un chien galeux.
- Je vous vois depuis un an, assise toujours sur une chaise au beau milieu de la rue, et je veux vous parler depuis longtemps. J'aimerais connaitre votre histoire. Pourquoi vous êtes dans la rue? Vous n'avez plus de maison. - ah, mon histoire! Moi j'étais une femme très bien. Je vivais avec une famille à Mohandessin depuis longtemps. J'ai passé chez eux toute ma vie ou presque. J'aidais un peu la famille. Puis, la famille est partie. Ils ont voyagé. Ils n'ont pas voulu me prendre avec eux. Alors depuis un an, oui, un an maintenant je vis dans la rue.
- Mais comment vous faites? c'est très difficile à votre âge de vivre ainsi. Pourquoi vous n'êtes pas allée dans un asile chez les sœurs indiennes par exemple juste là à Daher? ça sera mieux et on prendra soin de vous.
- Non, je ne peux pas rester dans une maison fermée. Vous savez, les anges veulent ainsi !
- Les anges? quels anges?
- Les anges sont venus me rendre visite, et ils m'ont déconseillé de vivre dans un endroit fermé. Ils m'ont dit que je devais vivre dans la rue et qu'ils prendront soin de moi. Je fais ce qu'ils m'ont demandé. ça fait un an qu'ils s'occupent de moi.
- Vous pensez vraiment que ça ne sera pas mieux si on essayait de vous trouver un endroit? - Non, je ne veux pas. les anges eux s'occupent de moi.
Face à cette argument, le patron ne savait plus quoi dire. Ils avait bien envie de voir ces anges et de leur dire de la laisser en paix. Mais apparemment rien à faire. La dame au chapeau était convaincue que les anges la protègeraient.
- écoutez, Madame, moi je travaille ici, dans ce collège. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, venez me voir ici. Je ferai de mon mieux pour vous. Une dernière question: Est ce que je peux prendre votre visage en photo?
-Non, je ne préfère pas. Mais gardez-moi dans votre cœur!
Puis, elle s'est éloignée, toujours en tirant un charriot, puis l'autre, tout en avançant ainsi dans le vacarme de la rue ramses
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