L'évolution contemporaine de la répartition de la population égyptienne se caractérise par le glissement de la population
de la haute Égypte vers la basse Égypte et par un fort exode rural qui alimente une croissance particulièrement vertigineuse du Caire.
Depuis près de cinq millénaires, des implantations urbaines se sont succédées au contact de la vallée et du delta, centre de gravité de l'Égypte.
Le Caire actuel est légèrement en aval de Memphis, la capitale de l'ancien Empire : des villes
égyptiennes et romaines se sont succédées dans ses parages jusqu'à la création arabe de Fustat. Entre la fondation d'El Qahirah, au pied de l'escarpement du Muqattam sur la rive droite du Nil, par les Fatimides en 969 et la fin du XVIIIe siècle, la ville ne change guère. Au XIXe siècle, les travaux du khédive Ismaïl Pacha juxtaposent à la vieille ville aux ruelles tortueuses une ville à l'européenne aux grandes artères rectilignes, avant même la colonisation britannique qui aggrave la scission entre les deux villes en négligeant la ville indigène et en adornant la ville moderne des symboles de la puissance impériale : résidence du vice-roi et casernes anglaises.
À partir de 1936, la ville entre dans une phase de croissance au rythme ininterrompu de 4 % par an : entre 1936 et 1993, la population du Caire décuple et la part des Cairotes dans la population égyptienne passe de 8 à 17 %. À cette explosion démographique répond une croissance spatiale tous azimuts et une densification jusqu'à l'intolérable de certains quartiers.
[…] Des schémas directeurs tentent de maîtriser une croissance urbaine anarchique voire informelle. Le premier schéma directeur remonte à 1956. Il tablait sur une population de 5 millions d'habitants en 1976… Le second, en 1970, entend freiner l'urbanisation en contrôlant l'immigration vers la capitale. Le suivant, en 1982, admet le caractère inéluctable
d'une croissance que le ralentissement du flux migratoire ne suffit pas à enrayer car l'augmentation de la population vient pour les deux tiers de l'excédent naturel et mise sur l'aménagement de villes nouvelles.
Le plus récent, en 1991, entend activer la construction de huit nouveaux secteurs urbains pour compléter les villes nouvelles afin de repousser l'urbanisation hors de la vallée et du delta vers les hauteurs de l'est et le désert de l'ouest au-delà des pyramides.
La construction d'une rocade et d'une ligne de métro a amélioré les problèmes de circulation,
l'adduction d'eau et l'électrification ont progressé dans les quartiers spontanés.
Les populations à niveau de vie intermédiaire vivent dans les quartiers construits au siècle dernier, à 1'ouest de la vieille ville. La densité est forte (700 à 800 hab./ km2) mais le niveau d'équipement correct.
Les catégories sociales privilégiées habitent dans les quartiers moins densément peuplés (200 hab. / km2) de la rive gauche du Nil ou dans les banlieues aisées d'Héliopolis et Maadi. Bien que les différentes unités socio spatiales du Caire soient éclatées géographiquement, la population réduit cette complexité à deux types en termes d'espace perçu : les quartiers
chics et les quartiers populaires que différencient la densité, le bruit, la propreté, la qualité de la construction et des services.
(DUMORTIER B. Géographie de l'Orient arabe, Masson/Colin, Paris, 1997)
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